Ce sont les alertes qui nous ont réveillés. Au milieu de la nuit mexicaine, dans le bruissement des feuilles de palmier et des cris étranges d’oiseaux invisibles, nos portables se sont mis à vibrer avec l’urgence des événements graves. Au coeur d’une froide journée d’hiver, 12 personnes ont été froidement abattues au nom d’une haine liberticide qui utilise la religion comme prétexte. Au coeur de la nuit tiède, nous avons appris que notre monde avait basculé, qu’il aurait un avant, et un après.
Mes mots butent, trébuchent et peinent sur cette page blanche pour exprimer ce que je ressens aujourd’hui. Je pleure ces dessinateurs dont les noms familiers ont bercé mon enfance, mon adolescence, ma vie de jeune étudiante en sciences politiques, parfois mes lectures d’adultes. Je les savais menacés, mais ces menaces paraissaient lointaines, exotiques; comment imaginer qu’ils seraient massacrés au coeur même de la capitale, au coeur battant de notre démocratie, à quelques pas de chez moi ?
Je pleure nos morts, et je pleure pour notre pays. Qui sait ce que peut faire une nation en proie à la terreur ? Lorsque je lis que des mosquées ont été incendiées cette nuit, lorsque je lis des statuts dans mon flux facebook insultant l’islam, je tremble et une sourde angoisse m’étreint le coeur, car laisser cela se produire, laisser l’amalgame s’installer, c’est faire le lit des extrémismes, c’est donner à ces hommes qui ne méritent pas le nom d’humains le pouvoir de dévorer de l’intérieur en allumant des bûchers sur lesquels précipiter notre rage, notre peur, notre désolation. C’est tout ce que Cabu, Charb, Tignous, Wolinski et les autres n’auraient pas voulu. C’est l’inverse de ce qu’ils défendaient. Ne laissons pas les terroristes nous faire cela !
C’est le chemin que nous prenons pour aller au marché le dimanche matin. C’est en face du square où sa nounou emmène mini-Panda jouer. Tout a changé, mais rien ne doit changer. A leur silence de mort, opposons la clameur de la vie. A leur message de haine, opposons un front uni, Français, étrangers, musulmans, catholiques, juifs ou agnostiques, car l’amour de la liberté n’a pas de visage ni de nom, elle brûle comme un feu vivant en chacun de nous. C’est ce feu-là que nous devons alimenter, et non les bûchers de la haine.
Parce que les mots sont puissants mais ne suffisent pas pour cela, j’ai réfléchi à un moyen simple et très direct de s’engager : s’abonner à Charlie Hebdo, offrant ainsi à travers nos abonnements les fonds dont ils auront besoin pour que Charlie vive. Vous pouvez vous abonner en ligne sur ce site : 6 mois, 1 an, 2 ans, ce qui compte, c’est votre soutien.
Parce que c’est le nombre qui fera la différence, je vous invite également à partager cette idée aussi largement que possible, avec le hashtag #AbonnéàlaLiberté.
Pour que nos enfants grandissent dans un monde où les Charlie peuvent continuer à laisser courir librement leur crayon sur le papier.
Charlie
8 janvier 2015 at 18:26C’est un bien bel article que voilà. Merci Madame Panda.
jennyfer
8 janvier 2015 at 19:05Très touché par cet article . . . Qui relate une verité qui maintenant fait peur . . .
Je pense serieusement à cette proposition d’abonnement en guise de soutien!
Alizée Juillard | Bonheur en Papillote | Des livres et sorties pour les petits
8 janvier 2015 at 21:23Oui, un soutient et une solidarité nécessaire. Tous ensemble ne nous trompons pas d’ennemis et restons debout pour lutter.
Un bel article et une grande pensée pour ce crime et cet attentat scandaleux et désastreux.
Pensons à expliquer à nos enfants capables de comprendre ce que la France vit en ce moment. J’ai fait un article pour les petits qui ont aussi le droit de savoir.
Sandrine | Fraise et Basilic
8 janvier 2015 at 21:39Des mots si doux pour une réalité si rude…
Stephanie
9 janvier 2015 at 01:34Comme toujours le ton est très juste Maelis. Merci de transcrire si bien ici les pensées de beaucoup d entre nous.
Nat
9 janvier 2015 at 01:38Merci petite pandette
Nos cœurs se rejoignent
Pour la liberté de la presse
Pour la liberté d’expression
Pour la liberté tout court
Elia
9 janvier 2015 at 11:00Très bien clamé Maëlis. Bravo pour tes mots.
Tous unis !
Et merci pour le lien de l’abonnement. Je vais le faire.
Sarah
13 janvier 2015 at 04:05Très belle plume
Très beau et fier crayon!
Bravo Charlie…