Les robes, sublimes de délicatesse et de raffinement. Le patronyme, altier. La formation – Chambre Syndicale de la Haute Couture – intimidante… Je l’avoue: j’avais de Christophe-Alexandre Docquin une image complètement fausse. Je le pensais inaccessible, il est d’une affabilité confondante. Je l’imaginais froid, il vous met instantanément à l’aise. Je le croyais insensible à l’univers des blogs, il adore notre fraîcheur. Christophe-Alexandre Docquin a eu la gentillesse de me recevoir et d’ouvrir les portes de son univers pour les lecteurs de la Fiancée du Panda. Entretien avec un créateur de talent doublé d’un homme absolument charmant.
C’est une boutique parmi d’autres, au 16 de la rue de St Pétersbourg dans le huitième arrondissement. On pourrait presque la rater, si ce n’était ces trois silhouettes gracieuses qui captent la lumière et happent le regard depuis l’extérieur. Formé dans l’exigence de la haute couture, chez Christian Lacroix d’abord, puis chez Sonia Rykiel, Christophe-Alexandre Docquin a gardé le goût des belles matières et la rigueur de la coupe.
Chez lui, le processus de création commence avec une matière et une envie de forme. A partir de ces deux tableaux, une première esquisse. Commence alors une phase d’assemblage, de test. Une mousseline de dentelle passera ainsi quelques semaines épinglée sur un Stockmann, le temps de laisser l’idée de la robe prendre vie. Certaines passeront l’épreuve, d’autres seront abandonnées… Qu’elles partent d’un désir du créateur ou qu’elles répondent à une demande – comme les silhouettes structurées que l’on trouve dans la collection 2014, qui affinent et flattent les mariées plus plantureuses – les robes naissent avant tout du savoir-faire technique de l’atelier.
Le processus de création d’une robe, de la premier esquisse au croquis final
Lorsque que l’équipe est au complet, ce sont pas moins de dix personnes qui travaillent sous la houlette du maestro, issues pour la plupart de la Chambre Syndicale de Haute Couture et toutes formées en interne. Dans l’atelier, l’atmosphère est studieuse, la concentration palpable. Les satins duchesses, mousseline de soie et autres matières aux noms précieux viennent de France ou d’Italie. Les dentelles, de chez Solstice, chez qui Sarah Burton s’est fournie pour créer la robe de la Duchesse de Cambridge, aka Kate Middleton. Le goût des belles matières, vous disais-je…
Retour à l’étage, où Christophe-Alexandre Docquin me montre les croquis de la nouvelle collection. Je l’interroge sur ce qui l’a amené à la robe de mariée, lui qui travaille encore aujourd’hui comme modéliste pour les maisons de haute couture. « J’aime la robe de mariée parce que c’est une rencontre. Je fais moi-même tous mes essayages. Personnaliser chaque robe, inventer une nouvelle manière de penser pour chaque mariée… En général, les filles arrivent ici en ayant déjà une idée assez claire de ce qu’elles veulent. Après, on adapte les coupes, les tissus… C’est pour cela que nous jouons souvent avec des fonds de robe et des sur-robes, qui permettent une grande liberté. Il arrive aussi que certaines futures mariées veuillent un modèle existant. Même dans ce cas, nous modifions toujours quelque chose: le détail d’une épaule, l’écaille de dentelle d’un décolleté… On n’a jamais fait deux fois la même robe !« .
Les robes, justement: je connaissais les modèles fluides, aériens, très inspirés des années 30 qui sont la signature de la maison. La nouvelle collection propose aussi des robes aux proportions repensées pour flatter les mariées qui ont des formes et les assument: bustier bas descendu, paletot en dentelle qui estompe élégamment les bras… Chaque robe demande entre 80 et 180 heures de travail. Les prix sont à la hauteur de cet investissement, et vont de 3500 à 5000 euros, avec un coeur de collection autour de 3750 euros. Un budget, certes, mais qui correspond à la qualité des matières et des finitions que j’ai – discrètement – examinées au passage.
De sa formation haute couture, Mr Docquin a également hérité l’élégance, la distinction d’un « nous » pudique qui met en avant une équipe plutôt qu’un ego, et une certaine indifférence à la célébrité. Nous tairons le nom des stars qui se sont fournies chez lui, pourtant nombreuses : « Toutes les filles qui viennent chez moi sont des stars. Je suis émue par chaque mariée pour qui j’ai créé une robe« . Une certaine forme de modestie, et surtout cette passion authentique du couturier pour la femme et les mille manières de la sublimer. Christophe-Alexandre Docquin possède cette qualité rare, celle de faire sentir à son interlocutrice qu’elle est le centre de toutes ses attentions. Le rêve de toute mariée…
L’entretien touche à sa fin, il est temps de retrouver le métro et ses cohortes sans poésie. Je quitte la rue de St Pétersbourg avec une sensation bien particulière: celle d’avoir fait une véritable rencontre. Cher Mr Docquin, vos futures mariées ont bien de la chance.
Et si vous êtes tombées sous le charme, vous aussi, ne trépignez pas : retrouvez par ici le shooting de la collection 2014 et sa collection de robes de mariée 2015.
Pour le rencontrer vous aussi :
16, rue de St Pétersbourg, 75008 Paris
+33 (0) 1 42 94 00 87
Et vous, vous êtes sous le charme ? Vous aimez les portraits de créateurs ? Vous avez envie d’en voir d’autres ?
Doriane Quagliozzi
24 octobre 2013 at 15:23J ai eu la chance de faire faire ma robe de mariée par Christophe-Alexandre Docquin, votre article reflète exactement la magie qu’il y a dans cet atelier. Son talent, sa gentillesse et son écoute font de lui une perle rare dans l’univers de la robe de mariée. Chaque essayage fut pour moi un immense bonheur & le jour J un véritable conte de fée ! Merci encore Christophe-Alexandre, vous êtes merveilleux !
Ma belle réception le blog
24 octobre 2013 at 16:11Alors oui on adore les portraits ! On a hâte de découvrir le shooting de la collection 2014 ;)